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Savoir s’entourer de gens de confiance

Avec son modèle d’affaires à fort impact social, Novalex n’est pas un cabinet d’avocats comme les autres. Son cofondateur Ryan Hillier brise lui aussi le moule en parlant ouvertement des problèmes de santé mentale. Ceux de la société en général, mais surtout, les siens.

À l’heure de l’entrevue, Ryan Hillier paraît hésitant, un peu nerveux. Le sujet de la rencontre, la santé mentale, est après tout inhabituel pour cet avocat couronné de succès qui a tourné le dos, en 2016, à une brillante carrière dans un cabinet d’envergure pour fonder le sien.

Son succès comme entrepreneur ne l’a pas empêché d’être admis d’urgence à l’hôpital Notre-Dame il y a environ trois ans. En dînant au parc avec une amie, il a commencé à s’étouffer. Incapable d’avaler, sans sensation dans les bras et les jambes, il a fini par perdre connaissance.

L’ironie du sort voulant que ça arrive au square Victoria ne lui a pas échappé. « Être entouré des tours qui abritent les grands cabinets d’avocats de Montréal alors que je suis transporté en ambulance est une image marquante », avoue-t-il.

Le dirigeant — qui vivait alors des problèmes personnels et venait tout juste d’acheter les locaux de son cabinet — a passé une batterie de tests. Quand tout est revenu négatif, un médecin lui a fait observer que son œsophagite à éosinophiles (une maladie qui provoque des inflammations de l’œsophage) était causée par le stress, et lui a prescrit une consultation avec un psychologue.

Malgré le déni initial, Ryan Hillier a dû se rendre à l’évidence. Depuis, il prend un médicament pour l’aider à garder ses ennuis de santé sous contrôle. Il a néanmoins fait quatre ou cinq crises de panique de plus lors de stress intense. 

« Maintenant, je sais reconnaître les premiers symptômes et j’ai développé quelques trucs pour y faire face », souligne-t-il toutefois.

La course comme planche de salut

Il conseille d’ailleurs à ceux qui vivent la même situation que lui de trouver une ou deux choses leur permettant immanquablement de se vider l’esprit. Sa solution personnelle? La course. « J’essaie de courir le plus souvent possible. Une journée qui commence par un 10 ou 15 km de course, il n’y a rien de mieux », assure-t-il. Quand la pression monte, il met ses souliers et ses écouteurs et file.

Il a appris à parler de ses problèmes avec ses proches, mais également avec ses collègues. Avec d’autres entrepreneurs aussi. « Ils vivent les mêmes problèmes que moi, que leur « business » soit dix fois plus grosse ou dix fois plus petite que la mienne. »

Même ses clients sont aujourd’hui au courant de ce qu’il traverse, puisqu’il a partagé quelques billets à propos de son expérience sur LinkedIn. Discuter ouvertement l’aide à constater que la santé mentale est un large spectre qui touche tout le monde à différents degrés. « C’est rassurant de ne pas être seul », admet-il.

Bien s’entourer

Le chef d’entreprise peut en outre compter sur le soutien de son mentor, Claude Gagnon, président des opérations de BMO Groupe Financier. « Malgré nos parcours différents, on jase de tout et de rien. J’ai aussi un groupe de six amis. On se rencontre pour parler de ce qui nous arrive et pour prendre nos grandes décisions », ajoute ce dernier.

Aux dirigeants de PME affligés par des problèmes de santé mentale, Ryan Hillier conseille une chose, même s’il ne prêche pas par l’exemple : demander l’aide d’un professionnel. « Le seul truc que je me reproche dans tout ça, c’est de ne pas consulter un psychologue. Je vois encore ça comme un signe de faiblesse alors que ce n’est tellement pas le cas. »

Il suggère également de bien s’entourer. « Le secret est de s’entourer de collègues et de gestionnaires à qui tu fais confiance, avec qui tu peux tout partager, les succès comme les défis. Comme entrepreneur, il ne faut pas se sentir gêné de vivre une ou plusieurs mauvaises journées. Il faut faire preuve d’ouverture. » Et de l’ouverture, Ryan Hillier en a à revendre.

Publié dans Les Affaires.