Aménager le territoire de façon à maintenir les habitats existants, renforcer la continuité urbaine, réduire la circulation automobile et augmenter l’offre de transport en commun… Les principes poursuivis par la Ville dans le plan de l’échangeur Turcot rendu public mercredi étaient nombreux. Peut-être trop, puisque la ministre des Transports, Julie Boulet, y oppose un refus catégorique.
Les raisons du refus
La ministre affirme que Québec n’a ni le « luxe ni les moyens de se payer » le projet de Montréal. « C’est certain que c’est à peu près trois fois le prix du projet du Ministère », a-t-elle dit. Et comme la Ville n’avait pas dévoilé les investissements nécessaires à la réalisation de son plan, la ministre a sorti le chiffre de 6 milliards $ de ses cartons, en refusant toutefois de rendre publiques les évaluations du ministère pour l’instant.
L’autre raison qui justifie le rejet de Québec : la durée des travaux. Pour le gouvernement, le projet de la Ville de Montréal aurait repoussé la fin des travaux à 2022. Le gouvernement tient pourtant à ce que les travaux de l’échangeur Turcot soient complétés en 2017.
Un dernier fait a été invoqué par Québec pour refuser le scénario montréalais : la structure surélevée que mettait de l’avant l’administration Tremblay. Mme Boulet croit que cette stratégie aurait pour effet d’augmenter le nombre de structures à entretenir. « Cela représente pour nous des coûts d’entretien à moyen et à long terme qui sont très importants pour le ministère. » C’est pourquoi Québec opte pour la solution d’un échangeur Turcot construit au sol.
Le projet présenté
La Ville de Montréal privilégie de son côté une structure surélevée pour cet échangeur qui serait de forme circulaire, qui occuperait moins d’espace au sol et qui offrirait plus de possibilités de réaménagement. Selon le plan dévoilé mercredi, l’échangeur comporterait deux voies automobiles dans chaque direction, un corridor de voies réservées pour le transport collectif en plus d’une ligne de tramway.
Montréal 2025 permettrait également à la Société de transport de Montréal (STM) de créer de nouvelles dessertes par autobus pour les déplacements provenant de l’Ouest de l’île, comme une ligne reliant l’aéroport Pierre-Elliot-Trudeau au centre-ville. Selon Richard Bergeron, ces nouvelles lignes pourraient être mises en place avant même le début des travaux de reconstruction.
Montréal éliminerait aussi les talus et remblais que le Ministère prévoit construire en milieu résidentiel pour aménager les voies autoroutières du nouvel échangeur. Avec une construction sur remblais, le Ministère prévoyait des structures surélevées de 62 000 m2. Ils seraient de 241 000 m2 dans le projet du maire Tremblay. Le plan montréalais permettrait en outre d’éviter l’expropriation de 160 logements, tel que prévu dans le plan d’origine du Ministère.
L’aménagement du nouveau «quartier de la Falaise», dans la partie nord de la cour Turcot, soit au pied de la falaise Saint-Jacques, serait par ailleurs articulé autour du nouveau tramway, qui relierait les arrondissements de Lachine, LaSalle et du Sud-Ouest au centre-ville de la métropole.
Même si l’échangeur se trouve sur son territoire, Montréal n’a aucun moyen d’empêcher le gouvernement de lui imposer son projet puisque les infrastructures sont la propriété du MTQ. Ne reste à la Ville que sa force de persuasion et l’opinion publique pour convaincre Québec.