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#moiaussi : le monde des affaires doit aller plus loin

Depuis un an, le mouvement #moiaussi a permis une prise de conscience collective dans le monde des affaires et entamé une discussion sur la place des femmes. Reste maintenant à passer de la parole aux actes.

Pour la présidente-directrice générale du Réseau des femmes d’affaires du Québec (RFAQ), le mouvement #moiaussi n’a pas seulement changé le monde des affaires pour les femmes. Il a également eu un impact sur les hommes. « Ça a amené un paquet de questionnements. On le voit au gouvernement, on le voit dans les grandes entreprises. On se demande comment se conduire », souligne Ruth Vachon.

Cette dernière souligne que des modifications ont déjà été apportées. « Les gestes à caractère sexuel font désormais partie de la définition du harcèlement psychologique. Les employeurs seront aussi obligés d’adopter une politique concernant le harcèlement psychologique en janvier prochain. »

Même s’il est difficile d’évaluer l’impact de ce mouvement, Ruth Vachon constate une plus grande ouverture pour les femmes.

« Quand j’ai commencé au RFAQ il y a huit ans, le mot diversité faisait presque scandale. Ça s’est tellement atténué depuis. Les mentalités ont évolué. »

– Ruth Vachon, présidente-directrice générale du Réseau des femmes d’affaires du Québec

« Notre société appuie l’égalité des sexes. Le nouveau gouvernement est paritaire. C’est dans les discours, mais aussi dans les programmes des entreprises. Les femmes peuvent prendre leur place », affirme Ruth Vachon.

L’entrepreneure en communication et présidente du Conseil des Montréalaises Dorothy Alexandre estime que le plafond de verre a peut-être été fragilisé, mais qu’il tient encore le coup. « Le leadership au féminin est maintenant célébré, mais ça prend du temps avant de voir le fruit des changements. L’intention ne suffit pas. Il faut absolument que les entreprises prennent des mesures structurantes et structurées pour faire rayonner ce leadership à travers l’organisation. »

Des gestes concrets

Quels gestes les entreprises peuvent-elles faire pour encourager la gouvernance des femmes ? « Il faut mettre de l’avant des exemples, croit Ruth Vachon. Sodexo a notamment une culture d’égalité impressionnante. L’entreprise a des équipes pour amener les femmes à une autre étape et leur donner les moyens de leur ambition. Accenture est également un modèle extraordinaire. Elle prend ses gestionnaires en main, a des mentors à l’interne et des programmes pour l’avancement des femmes. Plus on va les mettre en valeur, plus ça va aider. »

« Alors que c’était la norme, c’est aujourd’hui mal vu qu’un panel de discussion soit composé uniquement d’hommes. Certains hommes refusent carrément d’y participer. »

– Dorothy Alexandre, entrepreneure en communication et présidente du Conseil des Montréalaises

Le RFAQ a d’ailleurs collaboré avec 14 grands décideurs du Québec (dont Air Canada, Agropur et Cascades) pour améliorer l’inclusion des femmes. « Ils ont bâti un comité de travail et se sont donné des priorités pour en arriver à des succès en moins d’un an », précise Ruth Vachon, qui croit que les grandes entreprises peuvent créer un effet d’entraînement sur leurs fournisseurs et leurs clients.

Si le mouvement #moiaussi n’a pas révolutionné le milieu des affaires, il a tout de même provoqué un changement : malgré la compétitivité, les femmes se serrent plus les coudes. « On réalise que ce n’est pas la cause d’une seule femme, c’est la cause de toutes, estime Dorothy Alexandre. Il y a davantage de solidarité féminine. Il y a également une valorisation de la diversité des perspectives et des parcours. On ouvre la porte à différents types de réussite. Il reste malgré tout beaucoup de travail à faire, notamment en ce qui a trait à la représentativité. »

Publié dans La Presse