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Mobilité: Et que ça bouge! (Éditions Jobboom)

Téléphones intelligents, géolocalisation et applications en tous genres : pas de doute, la mobilité prend de plus en plus de place dans notre quotidien. Tour d’horizon de ce secteur en plein essor.

Vous ne sauriez vivre sans votre iPhone, Nexus ou Blackberry? Vous n’êtes pas seul! Plus de 4,6 milliards de cellulaires sont en utilisation dans le monde, dont 20% de téléphones intelligents, selon l’Étude sectorielle sur les services et applications en mobilité, publiée récemment par l’Alliance numérique. En 2009, la valeur du marché mondial des téléphones cellulaires dépassait la coquette somme de 96 milliards de dollars américains.

Si le Québec a déjà accusé un certain retard en matière de taux de pénétration du cellulaire, cette époque est révolue. «La province a maintenant un taux semblable aux autres provinces canadiennes, soit 68%», assure Pierre Proulx, directeur de l’Alliance numérique. En 2010, environ 4,3 millions de Québécois adultes possédaient un sans-fil.

Résultat : de plus en plus de compagnies d’ici se lancent dans l’aventure de la mobilité. C’est le cas de Vortex Solution, une entreprise de développement Web, qui y a vu une opportunité à saisir. «Les services mobiles permettent de rejoindre les clients partout, même dans leurs déplacements», raconte le président, Philippe Bertrand. La compagnie a entre autre développé des applications pour le promoteur de spectacles Evenko, l’agent immobilier Sutton et les Cinémas Guzzo.

Certaines firmes choisissent d’offrir une expertise ciblée pour se démarquer. Ainsi, la montréalaise GreenCopper se spécialise dans l’événementiel et est notamment derrière les applications des FrancoFolies, du Festival de Jazz de Montréal, de Pop Montréal et des Rendez-vous du cinéma québécois.

Après avoir réalisé des applications pour des clients, quelques entreprises développent en outre leurs propres services mobiles. La firme 2XM Interactive a ainsi récemment lancé sa première application maison, Umanity. «Celle-ci permet aux propriétaires d’iPhone de prendre une photo géolocalisée et de la diffuser instantanément sur le Web avec un court message», détaille le président et fondateur, Antoine Azar. Tel pont est-il congestionné en ce moment? Tel spectacle en plein air, très fréquenté? C’est le genre de questions auxquelles Umanity pourrait répondre.

Méchant contrat
Même si elles s’apparentent au Web et, dans certains cas, aux jeux vidéo, les applications mobiles sont des bibittes bien particulières. «Elles accompagnent les utilisateurs partout. Elles sont utilisées brièvement. Et elles solutionnent un problème ou fournissent un haut degré d’amusement, idéalement les deux», résume Antoine Azar.

Pour les développeurs, le défi est grand. «Les technologies sont nouvelles, on bouscule donc l’ordre établi. Il faut convaincre le client – autant de notre produit que du coût qu’il implique -, mais également convaincre les autres professionnels des TIC, habitués de travailler pour le Web. Or, reproduire un site internet sur une plateforme mobile sans l’adapter par exemple, ce n’est pas efficace», estime Philippe Landry, développeur mobile chez Techsolcom.

La multiplication des plateformes ajoute au casse-tête. Il existe en effet plusieurs systèmes d’exploitation : Apple utilise iOS pour ses produits, d’autres, comme Nexus, roulent sur Android (développé par Google). Windows et BlackBerry ont également leur porpre système d’exploitation. «Seulement sous Android, il y a plus de 170 formats de téléphones et de tablettes différents. L’interface doit pouvoir s’adapter à tous ces appareils», illustre Philippe Bertrand.

«Développer des applications natives, c’est-à-dire programmer l’application pour chacun des systèmes d’opération mobiles plutôt que de faire une application compatible avec tous les appareils, permet d’optimiser le résultat, mais demande plus de temps et d’argent», ajoute Gwenaël Le Bodic, président de GreenCopper.

Manque de bras
Tous les intervenants approchés sont formels : il y a de l’emploi en mobilité au Québec. «Nous recherchons constamment des développeurs de logiciels à l’aise avec toutes les plateformes», confirme Gwenaël Le Bodic. Les ingénieurs en logiciel, les développeurs mobiles et les techniciens en programmation sont particulièrement en demande.

«Idéalement, les candidats doivent aussi connaître les technologies Web, puisque la majorité des applications communiquent avec un serveur Web», ajoute Antoine Azar.

Mais pour se tailler une place, il faut être prêt à constamment approfondir ses connaissances. «Le livre « La mobilité pour les nuls » n’existe pas, illustre Philippe Landry. Il faut être capable d’inventer en mobilité et être bien au fait des dernières avancées.»

Faire ses classes

«La formation continue est le nerf de la guerre», explique Sylvie Gagnon, directrice de TECHNOCompétences, le comité sectoriel de main-d’œuvre des technologies de l’information et des communications. Pour cette raison, l’organisme a concocté en collaboration avec le CRIM (un centre de recherche appliquée en technologies de l’information) Développer pour iPhone et iPad. D’une durée de 18 heures, cette formation s’adresse aux programmeurs qui souhaitent créer des applications sous iOS. «Le besoin était criant», assure Sylvie Gagnon. Le cours affichait d’ailleurs complet à la session printemps 2011.

Depuis l’automne 2011, le Cégep de Sainte-Foy offre l’AEC Développement d’applications pour appareils mobiles. La formation, qui s’adresse aux programmeurs et dure 405 heures, couvre trois champs principaux: programmation de systèmes natifs; programmation Web mobile et programmation d’applications Web. «Le cours a été validé par des entreprises œuvrant en mobilité, comme Mirego et CGI, pour répondre aux besoins réels de l’industrie», précise Paul Thériault, directeur de l’établissement.

Les technologies du futur
À quoi peut-on s’attendre dans les prochaines années en mobilité? Plusieurs nouvelles technologies se pointent déjà à l’horizon. «La norme NFC, communication en champ proche, permettra par exemple d’effectuer des achats avec son téléphone cellulaire», illustre Antoine Azar.

Après une timide percée, l’évolution des fonctionnalités permettra de plus en plus d’intégrer un volet participatif aux applications, selon Gwenaël Le Bodic. «Lors des dernières FrancoFolies, l’application [de l’événement] donnait par exemple la possibilité aux festivaliers d’ajouter une photo à la page d’un spectacle.»

La tablette numérique devrait en outre se tailler une place dans nos foyers. Selon l’entreprise américaine de conseil et de recherche Gartner, plus de 50 millions d’appareils seront vendus en 2011. En 2014, ce chiffre grimpera à 200 millions.

«Le secteur est en plein essor, résume Paul Thériault. Tout comme le jeu vidéo il y a quelques années, la mobilité devrait se développer de manière grandissante au Québec. Ce n’est que le début.» L’heure de gloire des gadgets est loin d’être terminée.

Portrait de la mobilité au Québec
Quelque 71 entreprises sont répertoriées dans le domaine
:
• 38% se retrouvent dans le segment des développeurs de contenu original;
• 32% font partie de la catégorie des solutions logicielles et services (recherche et développement, assurance-qualité, etc.)
• 24% sont des développeurs sous-traitants;
• Seulement 6 % des entreprises sont des opérateurs de réseaux de téléphonie mobile.

Environ 18 250 emplois sont directement liés aux services et applications mobiles:
• Les opérateurs (Vidéotron, Bell Mobilité, Telus, etc.) regroupent la majorité des emplois, avec près de 70 %;
• Les solutions logicielles et les services raflent 23 % des emplois;
• Les développeurs de contenu original comptent 6% des travailleurs;
• Les développeurs sous-traitants ne regroupent que 2 % des emplois du secteur.

Source : Étude sectorielle sur les services et applications en mobilité, Alliance numérique, février 2011.