Le télétravail séduit. Près de trois Canadiens sur quatre (73%) affirment qu’ils changeraient d’emploi si un employeur leur offrait la possibilité de travailler de la maison, selon un récent sondage réalisé pour Workopolis.
Si le télétravail est de plus en plus populaire, celui-ci n’est toutefois pas toujours rose. Et ne s’adresse pas à tout le monde.
La vie de cubicule du lundi au vendredi, c’est terminé pour Simon Dancose. Depuis près de trois ans, le directeur du soutien technique des ventes chez IBM Canada abat en effet son travail de chez lui de deux à quatre jours par semaine.
Le bonheur des uns…
«Avec la téléphonie IP et les réseaux privés virtuels, on peut tout faire de chez soi, sans même que les clients voient une différence», dit-il. Les télétravailleurs peuvent avoir accès au serveur de l’entreprise, et les appels des clients sont automatiquement transférés à leur domicile. «Je suis plus productif à la maison, parce qu’il y a moins de distractions», ajoute ce dernier.
Les études tendent d’ailleurs à lui donner raison. «On note des gains de productivité de 10 à 30% lorsque le travail est accompli à domicile», assure Diane-Gabrielle Tremblay, professeure à la Téluq-Université du Québec à Montréal. Les employeurs y trouvent donc aussi leur compte.
Les télétravailleurs sont également plus libres de leurs horaires, ce qui réduit le taux d’absentéisme au bureau en plus de faciliter la conciliation travail et famille. Le projet de recherche du CEFRIO sur le télétravail est d’ailleurs éloquent: 97% des télétravailleurs se disent satisfaits de ce nouveau mode d’emploi.
…le malheur des autres!
Nadia Seraiocco, conseillère en communication Web et médias sociaux qui a tenté le télétravail à quelques reprises, met par contre un bémol à tout cet enthousiasme. «J’étais plus efficace à la maison, oui, mais je travaillais tout le temps. Si j’avais le malheur de vérifier mes courriels à 10 heures le soir, c’est certain que je me remettais au travail», dit-elle. Il y a donc un juste équilibre à atteindre.
Diane-Gabrielle Tremblay déboulonne aussi le mythe de la mère travaillant à la maison avec son bébé sur les genoux: «Le télétravail permet de concilier boulot et famille, pas de vivre les deux à la fois!», précise-t-elle.
Le télétravail reproduit en tous points l’environnement de travail, sauf pour les contacts humains. Un détail qui peut peser bien lourd pour certains. Être isolé et ne pas connaître les derniers potins fait d’ailleurs partie des points négatifs du télétravail, selon Simon Dancose. «Certains collègues viennent occasionnellement au bureau pour contrer cette réalité. Une rencontre mensuelle avec le gestionnaire brise aussi la solitude», note par contre ce dernier.
La voie d’avenir?
Bien que le phénomène soit difficile à quantifier, le travail à distance répond à des préoccupations très actuelles. Les casse-tête routiers, le coût des loyers dans les tours à bureaux et l’environnement sont autant de raison d’adopter le télétravail.
Au Québec, on compte de 5 à 8% de télétravailleurs. «Si l’on ajoute ceux qui travaillent à domicile sur une base occasionnelle, ce taux grimpe plutôt aux environs de 20%», note Diane-Gabrielle Tremblay.
Pour faciliter la transition du bureau à la maison, ceux qui sont tentés par l’aventure devraient avant tout s’entendre avec leur employeur sur les modalités (heures de travail, pauses, rencontres, échéanciers, etc.) pour éviter les malentendus et les déceptions. Ensuite, bonjour le travail en pantoufles!