Des complexes multigénérationnels, de la flexibilité, du divertissement et des nouvelles technologies : les résidences pour aînés s’adaptent tranquillement aux besoins des nouvelles têtes grises. Tour d’horizon des principales tendances.
Il n’y a pas si longtemps, les résidences pour personnes âgées semblaient à peu près toutes bâties sur le même moule. Si le modèle traditionnel demeure, de nouvelles avenues sont néanmoins explorées. Avec le vieillissement de la population, le sujet est on ne peut plus d’actualité, et architectes et constructeurs se penchent sur la question.
Signe des temps, c’est une maison de retraite qui avait remporté le prix du bâtiment de l’année 2018 au prestigieux World Architecture Festival.
Mixité intergénérationnelle
Le premier changement majeur concerne l’âge des résidents. Évidemment, les complexes réservés aux 55 ans et plus restent prédominants, mais selon une étude réalisée en 2016 par Réseau Sélection, la majorité des personnes âgées recherchent un milieu de vie fait pour tous.
Le Groupe Sélection développe d’ailleurs un projet immobilier multigénérationnel à Terrebonne. À terme, District Union comprendra un immeuble locatif de 172 unités pour les 55 ans et plus, ainsi qu’un autre complexe comprenant 88 appartements destinés aux familles et 74 logements pensés pour les millénariaux.
Les initiatives n’ont toutefois pas besoin d’être aussi vastes. Par exemple, depuis septembre 2017, à Londres, la résidence Nightingale House compte une garderie. Chaque jour, les enfants cohabitent avec ceux qui ont au moins l’âge de leurs grands-parents, le temps d’un atelier de cuisine ou d’une autre activité. Bébés et (presque) centenaires se retrouvent également à Québec, sur le terrain du CHSLD Saint-Dominique, où la garderie Villa Montessori a ouvert ses portes l’an dernier.
D’autres résidences privées du Québec offrent un logement gratuit à un étudiant en échange d’heures de bénévolat auprès de ses «colocataires». Ces expériences s’avèrent concluantes. Elles permettent à la fois d’ouvrir les horizons des plus jeunes et de briser l’isolement des aînés.
Plusieurs services
Les résidences accueillent également des retraités encore actifs. Pour répondre à leurs besoins, certains complexes se développent à la manière d’un quartier urbain, avec des services de proximité (commerces, restaurants, parcs, cliniques médicales…) et du transport en commun.
On en retrouve de plus en plus aux États-Unis, où d’anciennes villes-dortoirs deviennent des destinations en vogue. Le New York Times leur a donné en 2013 le nom de «hipsturbia», un mot-valise formé par le télescopage des mots «hipster» et «suburbia» (banlieue). Si ces quartiers ont d’abord attiré les jeunes de 20 à 30 ans, les retraités y prennent désormais leur place.
C’est le cas notamment à Evanston, tout juste au nord de Chicago. La firme Condor Partners y développe un immeuble de 163 unitéspour personnes âgées. À distance de marche, les futurs résidents auront accès au transport en commun, au centre-ville revitalisé, à une épicerie, un cinéma, une bibliothèque, un gym et plusieurs restaurants.
Au Québec, Chartwell tente un autre genre d’expérience. L’entreprise a annexé une résidence pour aînés de 360 unités au Mail Cap-Rouge, en banlieue de Québec. Les lieux incluent une bibliothèque, un studio d’artisanat, une salle d’exercice, un studio de yoga et un bistro, mais les habitants peuvent aussi accéder directement au centre commercial. La demande encourage la compagnie à répéter l’expérience ailleurs dans la province.
Nouvelles technologies
Les technologies changent nos façons de vivre, et c’est aussi le cas lorsqu’on a 55 ans et plus. Les résidences s’adaptent tranquillement à cette réalité. Certains propriétaires, comme Groupe Patrimoine, offrent des tablettes à leurs locataires, par exemple.
Les nouvelles technologies, comme les assistants vocaux, peuvent permettre aux personnes âgées d’être plus autonomes. La télésanté et les objets connectés gagnent également en popularité.
«Le transport à la demande, la restauration à la demande et l’apprentissage en ligne sont toutes des tendances qui sont vraiment bien accueillies sur le marché des aînés», a expliqué Dan Hutson, stratège de longue date dans le domaine du logement pour personnes âgées, en entrevue avec MarketWatch l’an dernier.
Évidemment, aucun de ces projets ne compte de solution miracle. Ils s’adressent principalement à une clientèle fortunée, et risquent d’exclure une partie des aînés moins nantis en ajoutant service par-dessus service. N’empêche, selon un rapport de RBC publié en janvier, 650 000 personnes vivront dans des résidences pour personnes âgées ou des CHSLD au Canada en 2030, contre 450 000 actuellement. Il est donc grand temps de revoir le modèle.