Comme bien des premiers ministres avant lui, Jean Charest a été très courtisé par les grands bureaux d’avocats après son départ de la politique. Il a finalement posé ses pénates chez McCarthy Tétrault, en janvier 2013.
«J’ai été impressionné par toutes mes rencontres. Il faut dire que je n’avais pas pratiqué depuis 28 ans, et dans une branche différente. Les cabinets sont de plus en plus sollicités pour les grands projets, c’est stimulant. McCarthy est un bureau très enraciné ici, centré sur l’industrie et lié au développement du Québec et du Canada», souligne l’ancien premier ministre pour expliquer son choix.
Celui-ci occupe aujourd’hui les fonctions de conseiller stratégique. «J’ai une connaissance assez large de certains secteurs. Je connais bien l’environnement, les affaires, le droit international. Comme conseiller stratégique, je dois trouver les réponses à différentes questions. L’important n’est pas de donner les réponses immédiatement, mais plutôt de savoir où les chercher», explique Jean Charest.
Son premier mandat chez McCarthy? Assister la société minière Teranga Gold dans ses négociations avec le Sénégal, où la société exploite une mine d’or. «Je dirigeais l’équipe de négociation en Afrique. Ce qui devait durer deux semaines a finalement pris trois mois. C’était une expérience enrichissante. J’ai beaucoup appris», estime-t-il.
Depuis, il a aussi été conseiller pour un dossier de l’Organisation de l’aviation civile internationale et a donné de nombreux discours et conférences. «Les autres mandats sont confidentiels, je ne peux pas vous en parler», ajoute toutefois l’ancien politicien.
Une expérience politique encore utile
Les connaissances acquises dans son ancienne vie lui sont encore très utiles, selon lui. «Ça me permet de bien comprendre la dynamique d’un gouvernement. Pas seulement celui du Québec, les gouvernements étrangers aussi. J’ai une base de comparaison. Je sais aussi comment les décisions sont prises», estime-t-il.
S’il ne s’exprime pas publiquement sur la politique, ses collègues lui posent néanmoins des questions. «Ils sont curieux, évidemment, ils me demandent souvent des conseils. Je leur raconte mes nombreuses anecdotes. Après toutes ces années, j’en ai beaucoup!», dit-il en nous gratifiant de son grand rire.
Il admet du même souffle qu’il trouve que le gouvernement actuel fait très bien les choses. «J’ai vu Philippe Couillard en Chine la semaine dernière et je pense que les Québécois auraient été très fiers de lui.»
Un horaire bien rempli
Au cabinet, le juriste ne fait pas cavalier seul. Quelques collègues, dont Grégory Larroque, travaillent pour lui afin d’«essayer de combler la demande». «En quittant la vie publique, on s’inquiète, on se demande si on aura assez de travail. Finalement, je dois refuser des offres. C’est nouveau pour moi, je n’étais pas habitué à dire non en politique», admet Jean Charest.
Son horaire a d’ailleurs de quoi donner le tournis. «Je voyage partout dans le monde. J’étais en Chine la semaine passée pour présider un atelier dans le cadre du programme du Conseil de la fédération. Je suis ensuite allé à Hong Kong, où j’avais une rencontre. J’en ai profité pour visiter ma fille qui habite là-bas. Je ne suis revenu qu’hier à Montréal, mais je pars à Québec ce soir, puis je m’envole vers Toronto demain. Je vais aux États-Unis bientôt aussi.» Jean Charest continue, énumère ses activités jusqu’en 2015, avant d’avouer qu’il a des plaintes à la maison à ce sujet.
«Mon plus grand défi aujourd’hui est le temps. J’en manque sans arrêt.» Jean Charest a peut-être pris sa retraite de la politique, il ne se contentera pas de faire du «9 à 5» pour autant.